Pour ce premier moment de l'axe "Féminisme et cinéma", les intervenantes Ariane Labed, Guslagie Malanda et Rosine Mbakam sous la modération de Léon Cattan, ont abordé la thématique de la création cinématographique comme vecteur de transformation
📍 Théâtre des 3 Ponts, Castelnaudary
📅 Novembre 2024
Cette table-ronde souhaite questionner et reconfigurer nos pratiques de l’éducation aux images au prisme émancipateur des valeurs portées par le féminisme. À travers des projections et des échanges, il s’agit d’offrir un contrechamp aux façons de créer et de transmettre les films, allant vers plus de tolérance, d’écoute, de respect des identités et des récits minorisés, invisibles, opprimés.
Écriture scénaristique, réalisation, interprétation et jeu d’acteur·ice, l’art cinématographique se déploie autour de questions de points de vue, de représentations et de regards. Les enjeux qui bousculent et font évoluer la création à la suite des prises de parole qui ont fait éclore le mouvement « MeToo » invitent à fabriquer et regarder les films autrement. De quelles façons se mettent en œuvre les approches féministes et les regards féminins au moment du processus de réalisation d’un film, d’une série, d’un objet audiovisuel, à la fois aux étapes de scénarisation, de tournage et de montage ? Comment la création cinématographique devient un lieu de lutte contre les stéréotypes
et de renversement des emprises et oppressions ? Comment les femmes et personnes minorisées reprennent pouvoir et capacité d’agir à travers la création filmique ? Comment créer des films et des histoires qui considèrent et qui ne dominent pas (à la fois les équipes de tournage, les personnages du film et les spectateur·ices) ? Comment filme-t-on et incarne-t-on les corps, les interactions, les vécus et ressentis des personnages au travers d’une subjectivité plus inclusive, empathique, tolérante, digne ? Finalement, quelles nouvelles esthétiques, images et récits ces démarches artistiques donnent à voir ?
© Christina Perez Tarkowska, L'Archipel des lucioles
→ Ariane Labed étudie le théâtre à l’Université de Provence où elle cofonde la compagnie Vasistas et y occupe une place de comédienne, co-metteuse en scène et chorégraphe. Elle fait ses débuts au cinéma en Grèce : Attenberg d’Athina Rachel Tsangari (Prix d’interprétation à la Mostra 2010), Alps de Yorgos Lanthimos. Elle mène une carrière internationale : Before Midnight de Richard Linklater, Love Island de Jasmila Žbanić, Fidelio, l’odyssée d’Alice de Lucie Borleteau (Prix d’interprétation à Locarno), The Lobster de Yorgos Lanthimos, Le Vourdalak d’Adrien Beau (mention spéciale à la Semaine internationale de la critique à La Mostra). Après son premier court métrage Olla, elle réalise son premier long métrage September Says, présenté au dernier Festival de Cannes dans la sélection Un Certain Regard. Elle est membre du collectif 50/50 et co-fondatrice de l’Association des Acteur·ices (ADA) qui vise à améliorer les conditions artistiques, techniques, déontologiques des acteur·ices et défendre l’intégrité physique et morale dans lesquelles il·elles exercent.
→ Guslagie Malanda est révélée au cinéma en 2014, dans le film de Jean-Paul Civeyrac, Mon amie Victoria. En 2021, elle tient le premier rôle dans Saint Omer d’Alice Diop, pour lequel elle est nommée aux César dans la catégorie Meilleur espoir féminin. En 2024, elle est à l’affiche du film de Bertrand Bonello, La Bête, aux côtés de Léa Seydoux. Elle travaille également comme curatrice d’art : son projet Messages personnels à Sarah Maldoror a eu lieu au DOC en décembre 2021.
→ Réalisatrice de fiction et de documentaire, Rosine Mbakam est diplômée de l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et des Techniques de Diffusion (INSAS) en 2012. Elle a grandi au Cameroun et se forme à Yaoundé à l’image, au montage et à la réalisation dès 2000. Elle réalise un premier court métrage de fiction, Tu seras mon allié, primé dans plusieurs festivals internationaux, puis Les Deux visages d’une femme bamiléké, son premier long métrage documentaire en 2017, sélectionné dans plus d’une soixantaine de festivals. Parmi ses derniers films, Les Prières de Delphine a reçu le Prix des Jeunes au Cinéma du réel 2021 et Mambar Pierrette a été diffusé à la Quinzaine des cinéastes à Cannes en 2023. En 2014, elle co-fonde la maison de production Tândor Productions. Elle initie aussi Caravane Cinéma qui assure la diffusion de films africains dans les quartiers populaires avec des projections en plein air et enseigne au sein du KASK à Gand (Belgique).
→ Léon Cattan est rédactrice en chef de Sorociné, le média de cinéma féministe, et collabore aux titres de presse culturelle Première et Livres Hebdo. Elle est également pigiste et conférencière dans le domaine du genre, de la justice et du jeu vidéo.
Sorociné est un média indépendant de cinéma féministe. Il a pour mission de représenter les femmes devant et derrière la caméra, en analysant les représentations de genre à l’écran et en mettant en lumière la place des femmes dans l’industrie cinématographique. Créé initialement sous forme de podcast, Sorociné est également un site internet, une revue papier, et des rencontres, ciné-débats et conférences avec l’ADRC.