Recommandations, articles récents et ressources sur l'impact de l'utilisation des écrans chez les plus jeunes notamment.
Il n’est pas sûr que nos enfants et nos adolescents aient aujourd’hui beaucoup de « temps libre ». Ainsi, dès leur entrée à l’école maternelle et alors que toutes les recherches montrent l’importance de prendre le temps de les accompagner, à partir d’activités qui font sens pour eux, dans l’entrée dans le langage, ils sont enrôlés dans l’acquisition à marche forcée de listes de vocabulaire : « Le professeur enseigne, en petite et moyenne section, deux corpus de mots par période, trois corpus en grande section et évalue, chaque mois et chaque période, que les corpus de mots enseignés sont bien mémorisés par les élèves ». Et les voilà embarqués dans une course à l’échalote qui, d’évaluation nationale en évaluation nationale, va les conduire jusqu’à l’examen de passage du Brevet des collèges et au parcours du combattant du « nouveau lycée modulaire » : là, aspirés par ParcourSup, les plus privilégiés et débrouillards d’entre eux vont développer d’étonnantes capacités stratégiques pour obtenir une place enviable dans l’enseignement supérieur… Au bout du compte, et malgré les coups de menton et les oukases pédagogiques des ministres, le niveau des élèves français, mesuré par les sacro-saintes comparaisons internationales, n’évolue guère, tandis que notre système scolaire reste un de ceux qui, loin de réduire les inégalités sociales, les creuse le plus. (...)
Philippe Meirieu, « Entre Pronote et TikTok, que reste-t-il du « temps libre » de nos enfants ? », Politis n°1841-1843, 18 décembre 2024
Parce que le discours pédagogique - son histoire, ses analyses et ses propositions - est très largement ignoré de la sphère intellectuelle française, parce qu’il est ostracisé par les « sciences de l’éducation » elles-mêmes, parce qu’il est identifié aux propos simplificateurs de ceux et celles qui se trouvent acculés à la polémique par leurs adversaires… la réflexion sur l’usage et les enjeux éducatifs du numérique se réduit souvent à une accumulation de lieux communs. On évoque, de manière très générale, « l’avènement de la société de la connaissance », on affirme que l’accès aux savoirs s’en trouve miraculeusement démocratisé, on considère que les technologies de l’information permettent, enfin, cette « individualisation de la formation » à laquelle nous aspirons depuis la fin du préceptorat, on espère qu’ainsi nous allons pouvoir éradiquer l’échec scolaire et former les élèves, simultanément, à la pensée structurée, à la créativité et à l’esprit de synthèse… on ajoute que, bien sûr, cela ne rend pas les professeurs inutiles car « il faudra toujours – évidemment ! - des gens pour former l’esprit critique des élèves » (...)
Philippe Meirieu, Extrait de l’ouvrage L’école, le numérique et la société qui vient (Denis Kambouchner, Philippe Meirieu, Bernard Stiegler, Mille et une nuits, 2012)
Dans le cadre du thème global « Réfléchir à demain », il était évident qu’il fallait parler de la numérisation des communications et des modes de vie et de faire, des transformations du travail et des liens sociaux qui en découlent un véritable objet de réflexion. Ce fut l’objet des conférences passées, mais il nous a semblé évident qu’après avoir évoqué l’évolution des familles, il fallait parler d’éducation (...)
Philippe Meirieu, « Quelle éducation pour faire face aux défis d’aujourd’hui ? », Institut pour la promotion du lien social – n. 1, 2018
Dans un service d'addictologie, Lara accompagne l'équipe qui soigne des adolescents drogués aux écrans. Il y a Julien, un collégien déscolarisé depuis trois ans, Lou, neuf ans, qui passe ses nuits sur son portable, ou Stefania, tétanisée à l'idée de sortir de chez elle.
Les failles de ces enfants sont pour Lara le miroir de ses propres addictions. Celles dont elle peut parler en riant, celles qui lui pèsent et qu'elle essaie régulièrement d'abandonner, celles plus honteuses qu'elle tait. Au fil des consultations, ses souvenirs refont surface.
Cinq ans plus tôt, Lara a eu une liaison avec son médecin. Pendant quelques semaines, elle s'est laissé prendre au piège, dans une frénésie de messages et de photos intimes. Jusqu'à perdre le contrôle.
Époque est un roman féroce et viscéral, celui d'une génération dévastée par les écrans.
Laura Poggioli, Époque, L'iconoclaste, 23/01/2025
Découvrir le livrePourquoi scrollons-nous sans cesse et sur tous les continents ? On dérive sur un océan pollué d’images décousues. On s’enveloppe dans un patchwork qui ne protège ni ne réchauffe. Est-ce si surprenant ?
Lola Lafon, « Face à l’amas de nos solitudes », liberation.fr, Libération, 09/05/2025
« Nous appelons de nos vœux la prise de conscience de ce désastre sanitaire qui s’annonce et déjà se constate. Il n’est pas trop tard, mais il est plus que temps. » Comment sortir de l’hypnose ? Le fait est pourtant sous nos yeux. Il est en premier lieu sanitaire : l’effet délétère des écrans sur notre santé physique et psychique, et en particulier sur celle des enfants et adolescents, ces êtres de chair et d’esprit en formation ; mais aussi sur le développement neurologique et socio-émotionnel, nos relations inter-individuelles, notre lien à la vérité et la libre formation de nos opinions. Il est plus que temps d’évaluer le bénéfice de la révolution numérique – les réseaux sociaux et, aujourd’hui, l’IA qui tient sommet – à l’aune de ses « externalités négatives », tant individuelles que sociales et environnementales. Sait-on ce que nous coûte vraiment cette prodigieuse quête technologique, à dominante hégémonique, et ce que nous pourrions y perdre ? Savoir est nécessaire pour bien agir ; et la loyauté de l’information est l’un des principes fondateurs du serment d’Hippocrate.
Servane Mouton, « Écrans, un désastre sanitaire. Il est encore temps d'agir », Tracts Gallimard n°65, Editions Gallimard, 13/02/2025
Lire le TractLa santé mentale, érigée en “grande cause nationale” pour 2025, est devenue un enjeu majeur de santé publique, notamment depuis la pandémie de Covid-19. Elle semble même constituer un nouveau langage d’expression des difficultés sociales des individus. De quoi la santé mentale est-elle le nom ?
Marie Rose Moro, Mathieu Bellahsen, « Santé mentale : le mal du siècle ? », France culture, Radio France, 07/05/2025
Le collectif “Éducation numérique raisonnée”, qui se mobilise depuis un an pour faire remonter la réalité du terrain aux pouvoirs publics, préconise une diminution de l’usage du numérique dans le milieu scolaire. Analyse avec Aude Denizot, professeure des écoles et membre du collectif. (...)
Isabelle ALVARESSE, « Le message n’est pas clair : on dit aux parents que les écrans sont un danger pour leur enfant mais l’Éducation nationale prône le numérique », telerama.fr, Télérama, 11/02/2025